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Margret Steckel, originaire du Mecklembourg et vivant au Luxembourg depuis 1983, a remporté le prix Batty Weber. Le jury a justifié son choix comme suit :

L’œuvre de Margret Steckel (*1934) se caractérise par une densité linguistique et thématique qui allie contexte historique et dessin précis des personnages pour donner naissance à des textes d’une grande richesse de nuances.

Sa carrière d’écrivain débute au Luxembourg, dans le cadre d’un échange avec d’autres acteurs du monde littéraire, un engagement qui se poursuit encore aujourd’hui, notamment par sa participation à des associations d’écrivains luxembourgeoises. Les nouvelles, récits et romans de Margret Steckel sont d’abord fortement marqués par l’autobiographie. En suivant les étapes de sa vie, elle décrit des moments importants de l’histoire européenne du 20e siècle, comme le national-socialisme, la réalité des débuts de la RDA, les mouvements de fuite et les questions d’altérité d’une vie à l’étranger, la reconstruction après 1989. Contrairement aux romans historiques traditionnels, Margret Steckel n’aborde cependant pas ces moments en premier lieu avec le ductus de la narration, qui s’inscrit dans une structure d’action claire, mais avec un pointillisme ancré dans l’art du langage et la précision de l’observation. La conscience de l’individu et sa perception complexe sont toujours au centre de ce qui est décrit. Des questions sont posées sur les mécanismes de la mémoire qui, à la manière d’un palimpseste, déterminent également le style de la représentation.

Margret Steckel utilise également les techniques de la description empathique des personnages et de l’évocation des souvenirs pour se rapprocher d’autres réalités biographiques. Ainsi, le récit ‘Der Letzte vom Bayrischen Platz’ (1996), qui a reçu le Prix Servais en 1997, décrit dans un entrelacement narratif complexe les expériences d’un jeune homme dans le Berlin des années 30 et 40. Le roman familial ‘Servais’ (2010) dresse, à travers l’exemple d’une famille luxembourgeoise de la grande bourgeoisie, un panorama des moments historiques et sociaux importants de l’histoire luxembourgeoise du 18e au 20e siècle. Les possibilités de narration historique y sont également remises en question et réfléchies.

En outre, Margret Steckel traite dans ses textes des structures de pouvoir interpersonnelles et du douloureux écart entre le libre arbitre et la contrainte extérieure. Elle y décrit surtout des moments de l’expérience féminine.

Les textes de Margret Steckel se distinguent par une utilisation particulièrement soignée et sensible de la langue, une technique en filigrane qu’elle a également décrite dans son essai poétique ‘Meine Sprache, mein Farbkasten’ (2021).

Avec Margret Steckel, le jury rend hommage à une œuvre originale et riche en nuances linguistiques, ainsi qu’à une attitude d’écrivain qui, tout en décrivant les tourments douloureux de l’histoire, s’engage constamment en faveur des valeurs humanistes et de la dignité de l’individu.

Créé en 1987, le Prix Batty Weber est le prix national de la littérature luxembourgeoise. Décerné tous les trois ans par le ministère de la Culture en hommage à l’écrivain et homme de lettres luxembourgeois Batty Weber, il vise à récompenser un.e écrivain.e luxembourgeois.e pour la qualité littéraire, l’originalité et le rayonnement culturel de l’ensemble de son oeuvre.

Le prix Batty Weber a récompensé récemment :

• Pierre Joris en 2020
• Georges Hausemer en 2017
• Lambert Schlechter en 2014
• Jean Portante en 2011
• Nico Helminger en 2008

La cérémonie officielle de remise du prix aura lieu le 26 septembre à 19 h30 au Centre national de littérature à Mersch.