Poursuivant la mise en relation du secteur du spectacle vivant luxembourgeois avec ceux des pays voisins, Kultur | lx a organisé un second voyage de repérage en Belgique, après Bruxelles en mai 2022. Cette fois les rencontres se sont concentrées sur l’espace francophone.

Cette rencontre a été organisée dans le but de permettre aux artistes, aux collectifs indépendants et maisons de production du Luxembourg de découvrir leurs pairs dans le but de nourrir des collaborations transfrontalières.

Une délégation de douze artistes et autres professionnels du spectacle vivant, toutes disciplines confondues, a ainsi pu profiter de cette occasion unique de rencontrer les directions et découvrir les lieux de la fédération Wallonie-Bruxelles que sont le Théâtre et le CCN de Namur, le Théâtre National Wallonie-Bruxelles, le Théâtre des Martyrs, les Halles de Schaerbeek, MARS – Mons arts de la scène, Charleroi danse, le Théâtre de l’Ancre et le Théâtre de Liège.

Cette visite a été l’occasion pour certains de resserrer des liens noués depuis leurs études en Belgique ou par des collaborations passées, pour d’autres elle a permis d’ouvrir des portes qui leur étaient jusque là difficile d’entrebâiller. Ce fut en tout cas un rappel de la proximité géographique et culturelle et des nombreux espaces d’échanges qui existent et sont à mettre à contribution entre la Belgique et le Luxembourg.

« J’ai beaucoup apprécié ce repérage du spectacle vivant en Wallonie. La rencontre entre plusieurs acteurs culturels issus de pays différents a été largement facilitée grâce à cette initiative. J’ai également découvert davantage la vision des directeurs quant à leur institution culturelle, ce qui a permis de mieux cerner leurs attentes respectives. Les rencontres ont également été très enrichissantes grâce aux partages d’expériences et à la découverte des projets de chacun. Cette initiative est très pertinente pour le déploiement des arts de la scène luxembourgeois, merci ! » a commenté Paloma Georges de Bombyx, collectif d’artistes, au sujet de ce voyage.

 

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Le spectacle Petit frère, écrit et mis en scène par Laure Roldàn et Gaëtan Vassart, a été choisi par un jury indépendant composé de personnalités du théâtre luxembourgeois et français pour représenter, avec le soutien financier du ministère de la Culture et de Kultur | lx, la création théâtrale francophone grand-ducale dans le cadre du Festival OFF d’Avignon 2023. La pièce sera jouée à la Caserne des pompiers, lieu de programmation de la Région Grand Est dans le cadre de sa convention avec le ministère de la Culture du Luxembourg. La manifestation se déroulera cette année du 7 au 29 juillet.

Le jury était composé de Serge Basso de March (auteur et poète), Pablo Chimienti (chargé de communication et des relations publiques à la THEATER FEDERATIOUN), Godefroy Gordet (journaliste, auteur, metteur en scène et président du collectif d’auteur.e.s dramatiques transfrontalier Le Gueuloir), Lee Fou Messica (directrice artistique de l’Espace Bernard-Marie Koltès – scène conventionnée d’intérêt national à Metz et coprésidente du réseau Quint’Est) et Ian De Toffoli (auteur et metteur en scène lauréat de la sélection luxembourgeoise au Festival OFF d’Avignon en 2022).

La candidature de Laure Roldàn a répondu aux attentes du jury en termes de qualité artistique, d’adaptation aux contraintes avignonnaises et de potentiel de diffusion, soulignant dans ses délibérations la sensibilité dont le spectacle est porteur, proposant une belle forme de cabaret-théâtre oscillant justement entre éléments dramatiques et narratifs à portée biographique et historique.

Au-delà de l’hommage réussi à Charles Aznavour, de la narration émouvante d’une vie, Petit Frère propose également une réflexion pertinente sur l’amour fraternel, sur la création artistique, sur la vie de bohème, sur la migration, sur l’intégration.

Produite par la compagnie de Laure Roldàn, Cie Juana La Loca, et la compagnie de Gaëtan Vassart, Cie La ronde de nuit, et coproduite par le collectif Bombyx, avec le soutien des Théâtres de la Ville de Luxembourg dans le cadre de la résidence de fin de création « Capucins Libre », la pièce est une adaptation du livre éponyme de Aïda Aznavour-Garvarentz, sœur de Charles Aznavour, qui raconte les pérégrinations des Aznavourian, véritable saga familiale qui traverse la grande histoire du XXe siècle avec, au premier plan, Charles. Laure Roldán et Gaëtan Vassart s’emparent de ce texte, et avec brio mettent en scène le génocide arménien, l’exil des parents Aznavourian, la pauvreté à Paris, l’occupation nazie et la relation décisive de Charles avec Édith Piaf avant la conquête du music-hall. La pièce retrace à travers ce parcours singulier l’histoire de l’intégration dans un pays, par la langue et à force de talent et de volonté. Car si le destin de Charles Aznavour touche à l’universel, c’est qu’il porte en lui le chant de l’exil.

À propos de la Compagnie Juana la loca
La compagnie Juana la loca est une compagnie luxembourgeoise de théâtre, tournée vers la création de spectacles de théâtre vivant. Elle est fondée en 2018, par Laure Roldàn. La Compagnie Juana la loca s’intéresse à la thématique de l’exil et de l’appropriation d’une culture par la langue. Elle travaille en particulier aux adaptations de textes et matériaux a priori non théâtraux et s’intéresse à l’espace urbain et aux mises en scène participatives. Petit frère – la grande histoire Aznavour est la première création de la compagnie. Suivra Les bancs publics, un itinéraire urbain inventé, performance musicale et poétique, dressant un portrait intime, historique et musical de la ville de Luxembourg par le biais d’un parcours déambulatoire. Sa prochaine création, Les murs parlent, autour des graffitis, des traces et des cicatrices d’une ville sera une co-production entre le Liban (Hammana Artists House), la France (St Ouen sur scène) et le Luxembourg (KulturFabrik), avec le soutien de la Commission Internationale du Théâtre Francophone et de Kultur | lx – Arts Council Luxembourg.


À propos de Laure Roldàn
De nationalité franco-espagnole et luxembourgeoise, Laure Roldàn est formée au Conservatoire national supérieur d’art dramatique de Paris. Au théâtre, elle a joué, entre autres, sous la direction de Muriel Mayette, Hélène Vincent, Arthur Nauzyciel, Christian Benedetti, Silviu Purcarete, Vincent Goethals, Carole Lorang, Laura Schroeder, Laurent Contamin, Matthew Lenton, Myriam Muller, Pascale Noé-Adam, Laurent Guttman, Fabio Godinho, Yann Colette, Jean Boillot et Frederic Maragnani. Au cinéma, elle tourne avec Jean-Michel Ribes, Jean-Paul Civeyrac, Artus de Penguern, Pascal Bonitzer, Catherine Castel. En 2011, elle met en scène Voilà donc le Monde !  d’après Illusions Perdues de Balzac au théâtre 13. Elle présente Dolce inferno, une adaptation inspirée de la Dolce Vita de Fellini au Grand Théâtre de Luxembourg dans le cadre du Talent LAB. Elle a été l’assistante d’Yves Beaunesne sur Ruy Blas de Victor Hugo et de Calixto Bieito au Repertory Theater de Birmingham pour le spectacle the string quartet’s guide to sex and anxiety. Elle est la collaboratrice artistique de Gaëtan Vassart sur Anna Karenine – les bals où je m’amuse n’existent plus pour moi au théâtre de la Tempête avec Golshifteh Farahni dans le rôle-titre. Elle crée Petit frère, la grande histoire Aznavour d’après Aïda Aznavour dans le cadre de Capucins Libre qui sera repris en tournée en France et en Arménie. Elle co-signe la mise en scène de La rue des fleurs n’existe pas aux côtés d’Aude-Laurence Biver et Christine Muller pour le Talent Lab goes city au Grand Théâtre de Luxembourg en septembre 2020. Au printemps 2021, elle assure la conception, l’écriture et la mise en scène d’une performance itinérante, musicale et poétique autour des lieux emblématiques de la ville : Les bancs publics en collaboration avec l’auteur – compositeur Camille Rocailleux. En 2021, elle écrit avec Gaëtan Vassart un court métrage 1 heure 30 et un long métrage Love en cours de production. Elle participe en octobre 2021 à la pépinière de projets de la Commission Internationale du Théâtre Francophone qui s’est tenue au Liban, à Hammana où elle rencontre des artistes de la francophonie avec lesquels elle noue des liens artistiques forts.

 

À propos de Gaëtan Vassart
Auteur, metteur en scène et comédien né à Bruxelles en 1978, et vivant entre Paris et Bastogne, Gaëtan Vassart se forme à l’INSAS en section mise en scène, puis intègre le Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique de Paris en 2001. Il a notamment joué au théâtre sous la direction de Philippe Adrien, Bernard Sobel, Eric Ruf, Gérard Desarthe, Michel Didym ou Joël Jouanneau, Laura Shroeder des textes de Handke, Ostrovski, Shakespeare, Valetti, Olecha, Gombrowicz. Au cinéma, il joue sous la direction de Jean-Xavier de Lestrade, Laurent Herbiet, et Pierre Schoeller (L’Exercice de l’Etat). Gaëtan Vassart signe plusieurs albums de musique avant de se lancer dans l’écriture de théâtre. Il écrit et met en scène Toni M. (texte qui reçoit l’Aide à la création du CNT et une résidence à la Chartreuse), présenté au Théâtre des Halles d’Avignon ; Peau d’Ourse d’après le conte italien du Pentamerone, à la Maison de Radio France avec Anne Alvaro ; Danseuse (Encouragements du CnT) créé à la Comédie de Picardie. En 2015, il adapte Anna Karénine – les bals où on s’amuse n’existent plus pour moi, première adaptation théâtrale en France du roman de Tolstoï, qu’il met en scène au Théâtre de la Tempête en 2016, avec Golshifteh Farahani dans le rôle-titre. La même année, Gaëtan Vassart écrit avec Jean-Claude Carrière une adaptation scénique du roman Elle joue de Nahal Tajadod. En 2018, il met en scène Mademoiselle Julie de Strindberg à la Comédie de Picardie, en coproduction avec la Scène nationale d’Albi. La même année, il met en scène Home, partie1 de Naghmeh Samini au Théâtre Aftab Hall, Fajr International Festival Théâtre de Téhéran, en partenariat avec le Service Culturel de l’Ambassade de France à Téhéran. En 2019, il met en scène Bérénice de Jean Racine à la Manufacture des Oeillets, du Théâtre des Quartiers d’Ivry, Centre Dramatique National du Val-de-Marne, en coproduction avec le Théâtre du Jeu de Paume d’Aix- en-Provence, avec Valérie Dréville dans le rôle-titre ; en 2022, L’art de perdre, d’après le roman d’Alice Zeniter au 11 Avignon.

Poursuivant la mise en relation du secteur du spectacle vivant luxembourgeois avec ceux des pays voisins, Kultur | lx a organisé un programme de rencontres professionnelles en France avec les principaux acteurs de l’Eurorégion strasbourgeoise.

Cette rencontre a été organisée dans le but de permettre aux artistes, aux collectifs indépendants et maisons de production du Luxembourg de découvrir leurs pairs dans le but de nourrir des collaborations transfrontalières.

Une délégation de huit professionnels a ainsi pu profiter de cette occasion unique de découvrir les théâtres de Strasbourg et sa région, jusqu’au-delà de la frontière allemande. Le Maillon, le TAPS, le Théâtre Baden Alsace, le CDCN Pôle-Sud et Schiltigheim culture ont tous ouverts grand leurs portes à cette délégation. En outre, l’Agence Culturelle Grand Est et le bureau de production et d’accompagnement Artenréel#1 ont prodigué leurs conseils pour faire circuler les productions luxembourgeoises en France et développer les collaborations entre les deux pays.

« La visite du secteur vivant sur le territoire Strasbourgeois et sa périphérie fut très intéressante car elle nous a offert de rencontrer diverses structures très différentes par leur taille, dans leurs missions et leurs visions. Cela nous a donné un spectre assez représentatif des lieux d’accueil et de diffusion avec lesquelles nous pourrions collaborer et aussi la compréhension des mécanismes de production et de diffusion du territoire. Les directeur.trice.s et interlocuteur.trice.s ont pris le temps de la rencontre et nous avons eu des échanges nourris et intéressés et cela a offert a certain.e de parler directement de projets en cours qui avaient déjà été envoyé. J’ai trouvé d’autre part que l’éclectisme de notre groupe qui regroupait plusieurs disciplines a permis d’ouvrir plusieurs discussions enrichissantes lors des présentations de notre travail. C’est un «laboratoire» de rencontres formidable ! », a commenté Sophie Langevin de la compagnie JUNCTIO au sujet de ce voyage.

Alors que le territoire strasbourgeois est devenu limitrophe du Luxembourg par son intégration dans la région Grand Est, et alors qu’il partageait déjà de grandes similitudes avec le Luxembourg, notamment dans sa dimension bilingue français-allemand, ces premières rencontres devraient en appeler de nombreuses autres à émerger.

Pour marquer le début de la saison et d’un an de soutien et d’action, Kultur | lx – Arts Council Luxembourg a invité le 27 septembre 2022 le secteur du spectacle vivant à un temps d’échanges et de rencontres.

Cette réunion sectorielle fut l’occasion de présenter à une trentaine de professionnels réunis en présentiel aux Rotondes les différents dispositifs de soutien et d’accompagnement proposés par Kultur | lx, leur évolution au cours de cette première année d’existence et la manière dont ils sont distribués.

Ce premier bilan a conduit dans le même temps à esquisser les actions envisagées pour le futur en veillant à l’implication des acteurs du secteur dans leur dessin et mise en œuvre.

Ainsi deux groupes de travail ont été constitués pour réfléchir d’une part sur la réponse qu’apportent ou pourraient apporter les dispositifs de Kultur | lx aux besoins du secteur du spectacle vivant ; d’autre part sur la création d’événements de promotion de la scène luxembourgeoise à l’international.

Il en est ressorti qu’alors les dispositifs de soutien de Kultur | lx pour l’internationalisation semblent adaptés (aide mobilité, recherche et développement de carrière ; aide à la diffusion ; aide à la participation aux foires et salons, aide au repérage de la scène luxembourgeoise ; aide à la promotion), les besoins du secteur se situent au niveau d’aides et d’accompagnement au niveau national sur la structuration des compagnies artistiques, la professionnalisation des métiers de la culture (production, diffusion, administration, médiation) ainsi que sur les mécanismes, entre maisons et artistes, de production et de promotion des créations luxembourgeoises dans les réseaux internationaux.

Comme une réponse anticipée à ce dernier point, Kultur | lx a proposé aux responsables de production du Luxembourg de mettre en place, annuellement, un programme à destination des professionnels étrangers pour la promotion de la scène luxembourgeoise. Intitulé Focus, et initié en décembre 2021 avec un Focus Danse et en février 2022 avec un Focus Théâtre, ce programme consistera à présenter à des invités internationaux les lieux et les créateurs du spectacle vivant au Luxembourg afin de créer des liens conduisant à terme à des collaborations.
Le prochain Focus Spectacle vivant se tiendra ainsi du 23 au 25 mars 2023 et se répétera à l’automne à partir de 2024.

En parallèle, au-delà de la coordination de la sélection luxembourgeoise en Avignon repris par Kultur | lx et du stand national « Dance from Luxembourg » à la Tanzmesse présenté en coopération avec le Trois C-L, Kultur | lx s’attache à développer de nouvelles opportunités sur des plateformes similaires que sont le Edinburgh Fringe Festival, la biennale CINARS, le Performing Arts Market Seoul et le Yokohama Performing Arts Market.

Par ailleurs, Kultur | lx propose de poursuivre l’exploration des territoires de nos voisins avec chaque année des programmes de rencontres avec ceux qui font vivre le spectacle vivant en Allemagne, en France, en Belgique, mais aussi en Suisse et aux Pays-Bas.

Enfin, dans le cadre de ses missions, Kultur | lx contribuera à renforcer la professionnalisation du secteur à travers une série de webinaires et d’ateliers.

Reste à noter que tous ces projets ne sauraient exister sans l’importante coopération collective de tous les acteurs du secteur au service desquels se place Kultur | lx.

 

Tissant des liens avec les francophonies, Kultur | lx avait accueillit et rencontré Hassane Kassi Kouyaté, Directeur des Francophonies – Des écritures à la scène lors du Focus Théâtre au printemps dernier. A cette occasion, nous avons eu l’occasion d’échanger avec lui au sujet de ce festival qui a débuté le 20 septembre par un hommage à Monique Blin, fondatrice des Francophonies en 1984.

Kultur | lx : Que signifient les Francophonies pour vous? Quels en sont les enjeux ?
Hassane Kassi Kouyaté : Il existe autant de francophonies que de personnes. La langue est un objet culturel qui exprime une combinaison de culture, la francophonie est un acte culturel. L’accent, la façon dont un son est appuyé, fait le mot et exprime également différentes francophonies.

Ce qui m’intéresse, c’est d’entendre des auteurs qui disent le monde autrement, qui apportent un éclairage différent. Comment, à travers ces différentes francophonies, ils disent le même monde.

Comment envisagez-vous la programmation et vos relations aux écritures plurielles francophones ?
Nous choisissons de faire un focus sur une région afin qu’amener le public à voir la différence entre les francophonies desquelles émergent des discussions politique, universitaire ou sociologique (Ndrl. le cœur du Festival sera cette année à l’Archipel. Îles de paroles, de chants, îles de musiques ou de danses, îles de nourritures terrestres et littéraires. Et surtout des rencontres, des liens, au-delà des frontières pour faire archipel).

Nous allons toujours à la rencontre des autres manières de concevoir, de dire. Les différentes formes théâtrales et d’écritures permettent à l’artiste de dire sa vérité qui se retrouve dans une universalité.
Nous sommes dans l’artisanat, tout projet est particulier et nous prenons le temps qu’il faut pour amener ces projets à exister.

Quelles sont vos premières relations avec les auteurs luxembourgeois?
Les rencontres réalisées lors de ce focus permettent d’ouvrir des perspectives et des idées de collaboration pour le futur. Il existe sur ce territoire une réelle envie d’accompagner les auteurs, une dynamique très positive.

Nous accueillons d’ailleurs, pour la première fois un auteur luxembourgeois en résidence Ian de Toffoli pendant 6 semaines pour son prochain projet Léa et la théorie des systèmes complexes qui fera l’objet d’une production théâtrale, coproduite par les Théâtres de la Ville de Luxembourg et des Francophonies de Limoges en début de saison 2023/2024.

Alors que le Festival des Zébrures d’automne des Francophonies de Limoges bat son plein, Ian de Toffoli actuellement en résidence jusqu’au 22 octobre se laisse inspirer par ce festival : “ Tous les jours on peut y voir, dans plusieurs théâtres de la ville, de la musique, des concerts et surtout des pièces de théâtre d’auteurs et d’autrices francophones du monde entier, des Caraïbes, d’Afrique, de Suisse, de Belgique, du Canada et – prochainement – même du Luxembourg. C’est un lieu formidable d’échange, de dialogue, un lieu qui prône la diversité culturelle et l’ouverture au monde, ce dont on a tous grandement besoin à l’époque sombre que nous vivons. C’est un festival comme une bouffée d’air frais ! J’ai la chance d’y assister aux représentations, de faire des rencontres riches et inspirantes, de me nourrir artistiquement de ce que je vois et vis.

Cette année encore, la création luxembourgeoise rayonne en Avignon avec 4 pièces présentées.

Une délégation officielle, composée de Sam Tanson, ministre de la Culture, des représentants du ministère de la culture et de l’ambassade du Luxembourg en France ainsi que de Claude Mangen, président de la THEATER FEDERATIOUN ont assisté le mardi 5 juillet à la générale de Terres Arides de Ian De Toffoli avec Luc Schiltz et Pitt Simon qui s’est tenue à la Caserne des Pompiers. Haut lieu de la création du Grand Est, la Caserne accueille chaque année une création luxembourgeoise dans le cadre de la coopération culturelle entre la Région Grand Est et le ministère de la Culture du Luxembourg.
À l’issue de cette représentation, équipes artistiques luxembourgeoises présentes à Avignon et partenaires institutionnels se sont retrouvés autour d’un moment convivial et ont lancé la saison avignonnaise.

Pour Ian De Toffoli, dont la pièce fait partie de la sélection officielle du Luxembourg en Avignon, « ce festival est une expérience un peu contradictoire mais en somme absolument géniale. D’un côté, notre pièce, plutôt radicale, dans sa forme et ses propos, peine parfois à attirer un public autre que spécialisé ou intéressé très particulièrement par des questions de guerre, ou de radicalisation. Cela peut parfois être décourageant. Le théâtre politique dans un gigantesque festival comme Avignon, ce n’est pas évident. Au niveau physique et mental aussi, le festival est une épreuve, surtout pour les comédiens, qui se retrouvent par 38 degrés, en moyenne, à rejouer encore et encore ce même texte pour le moins difficile. Les conditions sont donc dures. Mais finalement, c’est une expérience assez grandiose. Une belle mise en perspective de notre situation de théâtre parfois un brin privilégiée au Luxembourg ». 

Il ajoute : « du côté artistique (et humain, si l’on veut), les échanges qui s’y font sont riches, les rencontres multiples. Les différentes tables rondes et lectures auxquelles j’ai participé m’ont permis de faire connaissance avec des artistes très intéressant.e.s.  »
Le festival est en effet, aussi un lieu de rencontres, et pour saluer la présence de deux auteurs contemporains luxembourgeois mis en scène cette année, Kultur | lx – Arts Council Luxembourg a organisé une table ronde le 13 juillet à la Manufacture invitant à échanger avec d’autres auteurs francophones autour de la thématique « Ecrire le théâtre contemporain ». Autour de Jean Portante (auteur de Frontalier mis en scène par Frank Hoffmann et présenté au Théâtre du Balcon jusqu’au 30 juillet) et Ian De Toffoli, Kultur | lx a réunit Dominique Dolmieu, Sedef Ecer et Hassane Kouyaté ; des auteurs avec de multiples casquettes et ceux qui les entourent : lieux de résidences, metteurs en scène et maisons d’éditions.

D’autres rencontres et lectures ont été organisé autour des auteurs luxembourgeois parmi lesquelles une lecture du texte de Serge Basso de March « Il fait beau, les oiseaux chantent, le soleil brille et il est tombé du troisième étage » par Christophe Alévêque, Salvatore Caltabiano et Sebatien Lanz ou encore le débat Migrations et frontière autour de Frontalier organisé par la Licra.

Pour Léa Tirabasso, dont la pièce Starving Dingoes a été présentée en Sélection officielle du Luxembourg en Avignon , ce fut « un bonheur et un honneur de partager notre travail dans un lieu aussi prestigieux que les Hivernales à Avignon« . Elle ajoute « le festival a été pour nous l’opportunité de voir la pièce murir 10 jours, d’étendre notre réseau professionnel et d’échanger tous les soirs avec un public touché et curieux. »

MIDAS, le spectacle jeune public de Laura Arend présenté au Théâtre Golovine a été quant à lui joué devant un parterre d’enfants enthousiastes et est encore à découvrir jusqu’au 29 juillet.

Retrouvez la présentation des pièces du Luxembourg en Avignon en images :

Alors que Ian De Toffoli présente sa pièce Terres Arides en sélection officielle du Luxembourg au Festival OFF d’Avignon du 7 au 26 juillet, les trois textes de Trilogie du Luxembourg sont publiés aux éditions l’Espace d’un instant.

Montés entre 2018 et 2021 au Luxembourg, en France et en Italie, les trois textes de Trilogie du Luxembourg dessinent le portrait politique d’un pays clivé, où les apparences polies cachent souvent de plus sombres rouages.

Terres arides, pièce documentaire sur les traces d’un journaliste luxembourgeois en voyage en Syrie, scrute le système politique et juridique du Luxembourg en posant les questions de la citoyenneté, de la radicalisation et de l’apparente paix sociale du pays.

Le monologue Tiamat fait le voyage en sens inverse, disséquant le business des antiquités de sang venues du Proche-Orient, rendu possible par l’opacité de structures financières et logistiques du Luxembourg.

Confins raconte, depuis la fondation de l’Union européenne, et au-delà, les pérégrinations de générations d’hommes et de femmes venus d’Italie pour s’enfoncer dans les mines du bassin de fer de la Grande Région.

Cet ouvrage a été publié avec le soutien de Kultur | lx – Arts Council Luxembourg

Ian De Toffoli est invité à la table ronde organisée par Kultur | lx « Ecrire le théâtre contemporain » dans le cadre du Festival OFF d’Avignon aux côtés de Dominique Dolmieu, Sedef Ecer, Hassane Kouyaté et Jean Portante.
Le 13 juillet 2022 à 16h00
La Manufacture – 2, rue des écoles, Avignon
Accueil et inscription : pro@lamanufacture.org

À propos de Ian De Toffoli
Né en 1981 à Luxembourg au sein d’une famille italo-luxembourgeoise, Ian De Toffoli est écrivain, dramaturge et universitaire, auteur d’une thèse de doctorat soutenue à la Sorbonne-Paris IV, d’essais et de pièces de théâtre traduits et publiés dans plusieurs pays européens. Depuis 2012, ses pièces sont créées aux Théâtres de la Ville de Luxembourg, au Théâtre national du Luxembourg, au Théâtre du Centaure, mais également en France, Belgique, Allemagne et Italie. Depuis 2022, il est artiste associé aux Théâtres de la Ville de Luxembourg.

Cette année, ce sont 4 productions luxembourgeoise qui seront montrées dans des registres variés (danse, théâtre et jeune public) au Festival OFF d’Avignon qui se tiendra du 7 au 29 juillet (France).

Sélection officielle du Luxembourg en Avignon
Depuis 2019, le Luxembourg collabore avec la région Grand Est, qui accueille une création luxembourgeoise à la Caserne des Pompiers. Terres Arides, pièce réalisée à partir d’une mise en scène collective d’un texte de l’auteur luxembourgeois Ian de Toffoli avec Pitt Simon et Luc Schiltz a été choisie par un jury mis en place cette année par la THEATER FEDERATIOUN pour représenter officiellement la création théâtrale francophone grand ducale. Mélant conférence théâle, récit et théâtre documentaire, la pièce se joue jusqu’au 26 juillet à 15h50 (relâche les mercredis).

Les Hivernales – CDCN d’Avignon accueillera Starving Dingoes de Léa Tirabasso qui explore la notion de tension absolue chez l’humain en mettant en opposition besoins corporels et vie spirituelle est à découvrir du 10 au 20 juillet à 19h00 (relâche le 15 juillet).

Un programme riche et varié
Frontalier de Jean Portante, mis en scène par Frank Hoffman joué au Théâtre du Balcon et MIDAS de Laura Aren, un spectacle jeune public joué au Théâtre Golovine représenteront également le Luxembourg au Festival OFF d’Avignon.

Pour saluer la présence de deux auteurs contemporains luxembourgeois mis en scène cette année, Kultur | lx – Arts Council Luxembourg organise une rencontre le 13 juillet à la Manufacture invitant à échanger avec d’autres auteurs francophones autour de la thématique « Ecrire le théâtre contemporain ».

Enfin, preuve de la qualité et du dynamisme du secteur grand-ducal des arts de la scène, on compte, au-delà de cette présence dans le « Off », de 2 coproductions luxembourgeoises dans le « In ».

Programme détaillé ICI

À l’occasion du Kunstenfestivaldesarts, un des plus importants rendez-vous du spectacle vivant en Europe, Kultur | lx a organisé un programme de rencontres professionnelles avec les principaux acteurs de la scène bruxelloise.

Cette rencontre a été organisée dans le but de permettre aux artistes, aux collectifs indépendants et maisons de production du Luxembourg de découvrir leurs voisins dans le but de nourrir des collaborations transfrontalières. Une douzaine de professionnels se sont réunis et ont échangé sur trois journées de programme.

Les participants ont ainsi pu faire la connaissance de compagnies historiques telles que Need Company, Ultima Vez et Crew mais aussi Kunstenwerkplaats, le programme de résidence du centre culturel Pianofabriek et les nouvelles directions des théâtres Varia, Tanneurs et Balsamine ainsi que du Kunstenfestivaldesarts et des Brigittines. Au-delà de leurs parcours et lignes artistiques respectifs, chacun a pu exposer son engagement pour les coopérations internationales et son intérêt pour le Luxembourg. Ce fut, pour les participants luxembourgeois, également l’occasion de connaître le système de production, de diffusion et de soutien public en Belgique.

«Trois jours riches et merveilleux dans l’une de mes villes préférées […]. Nous avons rencontré des directeurs de théâtres et de festivals ainsi que des professionnels qui ont généreusement partagé leurs philosophies, pratiques et politiques culturelles. Nous avons beaucoup appris sur la particularité du secteur belge des arts de la scène, sur la nature complexe des différentes communautés et gouvernements, sur la situation particulière de Bruxelles, sur les difficultés, les opportunités et les richesses que cela crée, et sur les intentions et les tentatives de rapprochement», a commenté Tania Soubry sur son compte Instagram au sujet de ce voyage.

Au sortir d’une crise ayant bouleversé les moyens de création et de diffusion, l’exemple proche de la Belgique présente un grand potentiel pour la scène luxembourgeoise.

 

A l’occasion des « Theatertage Rheinland Pfalz 2022 » se tenait la rencontre internationale « Crossing Borders » organisée à l’initiative du Staatstheater Mainz avec le soutien de l’Institut Français, du Flanders Arts Institute et de Kultur | lx – Arts Council Luxembourg.

Cette rencontre a été organisée dans le but de permettre aux artistes, aux collectifs indépendants et maisons de production de la Grande Région réunissant la Rhénanie-Palatinat, la Sarre, le Luxembourg, la Belgique et le Grand Est de faire connaissance, d’échanger et nourrir des synergies transfrontalières. Une 50aine de professionnels se sont réunis et ont échangé sur deux journées de programme.

Lors de la première journée, à travers une série de tables rondes, les participants ont pu discuter des nouvelles modalité de travail transfrontalier à l’époque du Covid, découvrir les soutiens financiers à la culture existant en Rhénanie-Palatinat, être informé sur les démarches administratives nécessaires à la création et à la diffusion pour les artistes étrangers en Allemagne et enfin apprendre d’un exemple de coopération transfrontalière avec le festival NEXT.

La seconde journée fut l’occasion pour 8 porteurs de projets luxembourgeois de venir « pichter » leurs projets en recherche de diffusion ou de partenaires devant un groupe de professionnels et programmateurs d’Allemagne, de Belgique, de France et de Luxembourg : Ian de Toffoli / Projet des Théâtres de la Ville ; Saeed Hani / Hani Dance ; Anne-Mareike Hess / Utopic Productions ; Hannah Ma / The People United ; Pascale Noé Adam / Bombyx ; Tammy Reichling /Maskenada ; Anne Simon / Volleksbühne ; Dagmar Weitze / Kopla Bunz

Parallèlement à cela, une lecture par le comédien Luc Schiltz de Tiamat de Ian de Toffoli en traduction allemande a eu lieu le 14 mars en remplacement de AppHuman de Ian de Toffoli mis en scène par Sophie Langevin, malheureusement annulé pour cause de Covid.

Enfin toujours dans le cadre des Theatertage, l’auteure Elise Schmitz a rejoint un atelier d’écriture d’une semaine rassemblant sous la direction de Chris Thorpe des auteurs de la Grande Région pour échanger sur leur travail et aborder les questions d’écriture pour la scène dans un contexte plurilingue, ouvrant ainsi les frontières aux dramaturgies contemporaines.